
Jeûner, marcher, écrire...
“L'écriture a ceci de mystérieux qu'elle parle.” Paul Claudel
Plus précisément...
Si je pouvais comparer le jeûne et l'écriture, je dirais que dans les 2 cas je me sens nue, défaite de tous mes conditionnements. Parfois inquiète, souvent surprise par la magie de ce qui arrive là, tout seul, sans effort.
Jeûner, c'est découvrir le plein potentiel de son corps, capable d'aller se nourrir en piochant ici et là dans les réserves avec une intelligence et un instinct fabuleux. De la même façon, de mon point de vue, écrire, c'est laisser faire les mots, les laisser s'agencer, ne plus contrôler, se laisser surprendre par la beauté d'une écriture spontanée comme si elle n'attendait que cet instant pour s'exprimer. Ecrire et jeûner sont 2 actes d'humilité.
Pour quelques jours nous acceptons de ne plus contrôler la situation, de ne plus nourrir le corps de substances visibles, de ne plus nourrir l'âme de substances intellectuelles.
Les ateliers que je propose sont ludiques, ils s'appuient sur les retrouvailles avec l'auteur tapis quelque part en nous, caché parfois sous une belle et grosse couche de doute et de jugement.
S'amuser avec les mots, observer et comparer la description d'une même image ou d'une situation à travers le prisme de chaque participant, comprendre "ce qui bloque", commencer un roman ou une nouvelle, aborder l'écriture du quotidien : journal, fiction, autofiction? se déconditionner de quelques idées reçues, s'oublier pour mieux laisser la magie opérer...
Vous ne vous ennuierez pas !
Si le jeûne vous inquiète, plusieurs types de monodiètes végétales vous seront proposées.
Votre journée alternera ateliers, randonnées douces et temps pour soi durant lesquels vous pourrez profiter de l'espace Sauna-piscine et de soins bien être (Massages, méditation, bols tibétains, mandalas, yin yoga, 5 tibétains...).
UN EXEMPLE DE PLANNING de stage avec option écriture
TEXTE de Louise D.
écrit durant un atelier d'écriture en Anjou.
Chacun y va de son petit mot
Pour faire part de ses propres maux
Les ressentis et les émotions s’emmêlent
Dans des discussions pêle-mêle
De nombreuses questions sont posées
Notre douce hôte tente de nous apporter
Des réponses à la fois générales et personnalisées
D’expérience, elle sait que nous devons être rassurés.
Calme et agitation se succèdent constamment
Ce groupe homogène vit visiblement
Des moments finalement bien différents
Certains zebulons ne peuvent rester en place
D’autres plus solitaires ont besoin d’espace
Les bavards échangent et leur brouhaha s’efface
Face à la plénitude de ce lieu enchanteur
Tous redeviennent de modestes jeûneurs
L’ambiance générale est sans doute à la douceur.
La bienveillance est dans chacun de nos esprits
Sans vraiment nous connaitre, un regard suffit
Pour percevoir les doutes surgir chez autrui
Et par de délicates paroles lui redonner de l’énergie.
Doute, curiosité, peur, intérêt, questionnements,
Quoiqu’on en dise, le jeune est puissant,
Surtout en compagnie d’être animés d’une sagesse
Qui vient combler le vide d’une inestimable richesse.
TEXTE d'Aurora
écrit durant un atelier d'écriture en Anjou.
Depuis la salle à manger je vois mes copains partir par le chemin. C’est un beau groupe. On est tous différents, mais on arrive à trouver des points en commun et on profite de nos différences pour s’enrichir, pour regarder la vie à travers d’autres fenêtres. Je me dis que ce serait tellement beau le monde si les humains qui l’habitent étaient toujours comme ça…
Mais plutôt que m’attrister, cette pensée me donne de l’espoir : « On EST comme ça », c’est juste qu’on a créé un système qui nous pousse à aller par la vie déguisés comme si nous étions une énorme troupe de cirque : le clown triste, le bête, le sérieux, le trapéziste, le maître de scène, le dompteur, le funambule… Mais on ne peux pas passer la vie à marcher sur une corde, il faut bien poser les pieds au sol à un moment donné, se détendre, être simplement soi-même et pas un maillot à paillettes.
Je monte les escaliers qui mènent à ma chambre et mon cœur s’accélère comme si je montais l’Himalaya.
Je pense à ma mère.
Elle se sent toujours comme ça. Jour après jour. Et elle va au marché, chez la voisine, au médecin, un jour elle se met son collier préféré et nous allons ensembles au théâtre… mais ce que j’admire le plus c'est qu’elle est capable de passer des heures, droite dans la cuisine pour préparer à manger et nous donner plaisir à moi et à ma famille.
Oui, je l’admire.
Et je l’aime.
Je me laisse tomber sur mon lit. Une belle lumière qui rentre par la fenêtre baigne mon corps nu.
« J’ai envie de ne rien faire », je me dis avec conviction.
Je regarde mes orteils et… ils me parlent ! Ils me disent qu’ils aiment bien être libres : libres de chaussettes (voilà pourquoi j’en ai perdu une !), libres de chaussures, en pleine liberté pour danser chacun sa chanson. Ils joueraient le piano, si j’avais un mini-piano à leur taille !
Je regarde mes pieds et ils me parlent aussi ! Ils me disent qu’ils aiment bien être touchés, massés, pétris, caressés… au lieu de supporter tout le poids du monde, comme un Hercules à l’envers ! Tiens, ils adorent même les chatouilles !!
Je regarde mes jambes et elles me parlent. Elles me chouchoutent à l’oreille qu’elles sont belles et fortes. Que je ne doit pas avoir honte de ses petits cratères lunaires de cellulite, que ça fait partie de sa nature : ce sont des réserves qu’elles gardent avec soin, pour moi, au cas où j’en aurais besoin.
Je n’ai pas encore fini de parler avec mes jambes que mon ventre parle. Ah oui il parle : il grignote à droite et à gauche et je l’imagine en train de se faire grande-grande et petit-petit à volonté, sans aucun bagage pour la première fois dans sa vie. Il a pris des vacances et maintenant il est en train de se bronzer au soleil d’une plage tropicale. Allongé sur un hamac entre deux palmiers.
Je regarde mes bras et ils sont tellement pleins d’amour qu’ils me font un câlin, juste comme ça ! Comme un enfant qui se colle à toi et il rit. Et son rire et comme une bombe d’amour qui éclate juste au milieu du cœur.
Je regarde mes mains. Ah… Mes mains ! Elles m’ont donné autant… !
Je regarde mes mains et je ne peux sentir que remerciement. Éternelles esclaves de mes ordres : donne moi cela, touche ceci, bouge ça, non ! avec plus de délicatesse, donne amour à cette personne ou à ce chat ou à cette courgette que tu es en train de couper…
Ces sont les servantes les plus inconditionnelles que je n’ai jamais connu. Et elles me répondent, (encore !) : « Merci toi, pour nous donner la vie. »
Je passe un temps à respirer après cette rencontre. Je respire et deux grosses larmes chargées de joie s’écoulent de mes yeux. Comment… comment je n’avais remercié avant mes deux précieuses mains ? C’est quelque chose tellement évident pour moi maintenant.
Et alors, c’est le cœur qui répond : « Tu les as toujours aimé profondément, ce n’est pas que par les pensées que tu fais les choses. En fait, à travers les pensées tu ne FAIS pas les choses, tu les PENSES. »
C’est tout.
Mes mains prennent vie et viennent se poser doucement sur mon cœur. Et là… là je perds le compte de la quantité de larmes qui glissent sur mon vissage.
Mes lèvres s’humidifient de joie et désignent un sourire détendu et profond.
Je me sens vivante, pleine d’univers de cellules qui pétillent d’amour à chaque battement de mon cœur. Et c’est en ce moment que je prends un bonne bouffée d’air, deux, trois… et je regarde ma tête.
« As-tu quelque chose à me dire ? »
Ma tête qui tourne un peu, après tout ce voyage corporel, réponds avec un peu de surprise et même incrédulité dans sa voix : « Bah non, je n’ai rien à dire »
Aurora.